«Le bonheur ne consiste pas à acquérir et à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre.»
Epictète
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J’ai rencontré Léonidas Stoumbos pour la première fois au début des années 80, j’avais peut-être une douzaine d’années et lui n’avait déjà plus d’âge. Léo partie de ces êtres qui portent un masque d’adulte dès leur plus jeune âge mais qui gardent à jamais en eux une âme d’enfant. Léonidas déambulait en plein cagnard dans les rues de Missolonghi comme s’il était pressé par le temps ou par ses rêves. Il regardait curieusement autour de lui et sortait tout d’un coup un mystérieux petit appareil photo pour mitrailler ceux qui passaient devant lui. Des vendeurs de pastèques, des pêcheurs, de jeunes tsiganes qui faisaient rouler un cerceau de pacotille, des popes, des vieilles dames toutes de noir vêtues, des musiciens ambulants, des vendeurs de glaces… Léo cherchait à figer l’instant de ce microcosme avant qu'il ne soit trop tard, comme un collectionneur qui craint la fin du monde, la fin d’un monde. La Grèce venait d’entrer dans la grande famille de la Communauté européenne, dans un monde moderne qui promettait des jours meilleurs. Léonidas n’avait que faire du progrès, il préférait les choses désuètes du passé qui pour lui avait encore un sens. Les êtres humains sur la scène de leur vie. Un collectionneur à la recherche du temps perdu qui stockait des milliers de photos dans l’entrepôt familial entre deux futs d’huile d’olive et quelques cartons de tabac séché, comme des petits témoignages de son époque.
J’ai commencé à le photographier avec un appareil imaginaire durant cette période. Ça le faisait sourire et nous sommes devenus amis. Léonidas l’original, à toujours été en avance sur son temps, parce qu’il le sait trompeur et éphémère. Un soir d’été, il sortit de sa veste aux multiples poches pleines à craquer, un baglama. Il a commencé à joué assis par terre un vieux taksim triste et entêtant qui racontait l’histoire d’un marin qui cherchait son chemin… Ce matin, c’est moi qui ai photographié Léonidas dans une ruelle de Missolonghi. Pour de vrai.
N.A
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