Le 23 février 1794, une quarantaine de prisonniers sont extraits de leurs cachots de Bourgneuf-en-Retz pour être conduits au port du Collet. Tous ont été capturés les jours précédents lors des battues menées par les soldats républicains en forêt de Princé et dans les marais de Saint-Cyr qui servaient de refuges aux Vendéens du Pays de Retz. Et tous doivent être transférés vers Nantes par voie de mer, plus sûre que la route. Mais des vents contraires ont retardé le départ de trois jours.
Pendant ce temps un nouvel ordre tombe. Il est signé par l’adjudant-général Lefaivre, un ancien de l’armée de Mayence, qui affirmera que Haxo lui-même en était à l’origine :
Liberté, Egalité, Fraternité.
Bourgneuf, 5 ventôse, an deuxième de la République une et indivisible.
Il est ordonné à Pierre Macé, capitaine du bâtiment Le Destin, de faire remettre à terre la nommée Jeanne Biclet, femme de Jean Piraud, et le surplus sera conduit par lui à la hauteur de Pierre-Moine ; là, il les fera jeter à la mer comme rebelles à la loi et, après cette opération, il retournera à son poste.
Le « surplus » est constitué de 41 personnes, deux vieillards (dont l’un, âgé de 78 ans, est aveugle), 12 femmes, le reste rassemblant des jeunes filles et des enfants, dont 5 bébés.
Les prisonniers s’embarquent ainsi dans la soirée du 23, à bord du chasse-marée le Destin, commandé par Pierre Macé. Arrivés le lendemain sur le lieu de leur supplice, au milieu de la baie de Bourgneuf, les malheureux sont précipités par-dessus bord. Certaines petites victimes qui surnagent sont assommées à coups de rames.
Leurs bourreaux pensaient les noyer dans l’oubli, mais l’Histoire a malgré tout retenu les noms de la moitié de ces martyrs, comme les sœurs Rousseau : Marie (4 ans), Françoise (3 ans), Aimée-Rosalie (2 ans) et Anne (1 an).
Il faudra attendre les lendemains de Thermidor pour que les responsables de cette atrocité soient dénoncés, le 1er octobre 1794. Emprisonnés à Paris, ils sont finalement acquittés à la fin de l’année. L’amnistie d’octobre 1795 les blanchira, comme tous les crimes commis sous la Terreur.
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